La répartition et le partage des tâches ménagères
Inégalité dans la répartition des tâches ménagères : un problème encore présent aujourd’hui chez de nombreux couples.
Jeanne Marie Vidon, intervenante sur le plateau de LTOM, France Ô
N’est ce pas illusoire, d’imaginer l’égalité hommes-femmes dans le partage des taches ? S’il y a inégalité dans le couple, c’est justement sur ces tâches ménagères. Et cette inégalité est aussi valable dans les couples homosexuels.
Un des sujets de disputes dans le couple, c’est la répartition des différents travaux ménagers, les courses, la vaisselle, le rôle parental, les comptes, le bricolages… Tout comme l’argent, les tâches ménagères sont responsables de bien des crises de couple. En moyenne les femmes consacrent 3h30 par jour aux tâches domestiques contre 2h pour les hommes (étude de l’INSEE de 2010). L’inégalité peine à se réduire. Ces inégalités ne sont pas sans incidence dans la vie des femmes. Nous retrouvons ces mêmes écarts en matière de temps libre. Elles s’accordent moins de temps pour elle, souvent trop accaparées par les charge de la famille.
Dans toutes les sociétés et ce depuis toujours, les femmes ont été liées à la gestion de la famille et de la maison. C’est cette mémoire historique qui les incitent à agir malgré elle, c’est cette mémoire historique qui laissent aux hommes la gestion de l’extérieur, ou de ce qui se voit.
Il y a toujours une forme de « spécialisation », et c’est cela qui va enfermer la femme. La différence de préoccupation, ce décalage quant à leur priorité, rendent les femmes parfois plus impatientes, plus exigeantes. « Il fait les choses à la va vite », « je suis toujours obligée de lui dire, il ne voit rien », et au fil des années, elles prendront de plus en plus la responsabilité de ces tâches. Mais cette prise en charge « imposée » s’accompagne souvent de ressentiment, de colère et d’incompréhension.
Les tâches ménagères n’ont pas été, dans l’histoire du couple, que source de tensions. Souvenons-nous, dans les tout début de notre histoire : les jeunes femmes plutôt amusées, de repasser les chemises de leurs amoureux, de faire les premières courses du ménage, de cuisiner un bon petit plat. C’est parfois avec plaisir que Monsieur passe faire quelques courses pour concocter une jolie petite soirée en amoureux. Toute ces charges n’étaient pas systématiquement vécues comme une contrainte, c’est aussi l’apprentissage de la vie à deux.
C’est une façon de prendre soin de l’autre, de lui faire plaisir. C’est le temps et la durée de vie de couple qui rendent ces taches pesantes, moins glamour, et que l’on les regarde et les vit comme des corvées. C’est la répétition qui les rend toxiques.
Les tâches ménagères c’est l’ordinaire d’un couple. Il y a souvent dans ce quotidien un décalage entre l’idéal et la réalité.
Reconnaître ce que l’autre fait
Il est important de reconnaître les efforts de l’autre. Ces tâches souvent ingrates peuvent être vécues comme dévalorisantes. La femme peut avoir fait le choix de travailler à domicile en étant mère au foyer, pour autant, toutes les taches du ménage ne peuvent lui revenir de droits. Il est important que le/la conjoint(e)/partenaire prenne une place dans ce domaine aussi. C’est aussi laisser une place de femme à sa conjointe, la voir justement comme une femme et pas uniquement comme une « gestionnaire de société ». C’est aussi bénéfique pour la vie intime du couple.
Comment éviter des tensions ?
Nous avons tous notre conception de l’ordre, du rangement, de la propreté, de la façon de cuisiner. Qui n’a jamais senti le regard inquisiteur de l’autre ? qui n’est jamais repassé(e) derrière l’autre pour remettre l’objet à sa place, repasser un coup de « chiffonnette » sur le meuble ?
Martine TEILLAC, psychothérapeute dit « la règle, c’est celui qui fait, qui est le maitre du jeu. C’est une question de respect ».
Dans le couple, il va nous falloir accepter que les travaux ménagers puissent être faits différemment. La question d’accepter la différence de l’autre s’exerce aussi ici. Il nous faudra accepter que ce ne soit pas fait dans MES règles. Il nous faudra faire preuve de cohérence. Est-ce un partage des taches qui est demandé ou souhaite-t- on que le/la conjoint(e)/partenaire fasse les choses à notre manière absolument et à notre rythme ? Dans le couple, nous avons à faire à nos différences mais également à nos fragilités, à nos anxiétés.
Si l’exigence de l’un ou le laisser aller de l’autre s’impose de manière dictatoriale, cela devient invivable. Ce qui compte dans le couple c’est le degré de vivabilité. On ne peut changer l’autre.il faut tolérer qu’il ne soit pas aussi performant(e) et perfectionniste, qu’il ne soit pas aussi ordonné(e). Il nous faut comprendre que l’on ne peut polluer l’autre, parce que la tâche n’est pas faite comme nous le souhaitons. Que l’on soit maniaque ou désordonné, c’est le respect qui prime. Attention à ne pas imposer nos petits travers…
Que faire pour en sortir ?
Les plus jeunes couples, parfois, sont dans un partage tenu comme un livre de compte. C’’st assez désolant. Attention à ne pas avoir une attitude trop revendicative qui instaurerait la question du pouvoir dans le couple. Prenons soin de regarder ce qui est déjà fait par l’autre plutôt que de ne remarquer uniquement ce qui ne l’est pas !
L’idée du partage absolu est impensable. Il serait plus judicieux de partager en tenant compte des capacités et de la sensibilité de chacun. L’écueil, dans toute répartition, est la rigidité. A partir du moment où l’on décide de vivre ensemble, chacun à la responsabilité de faire fonctionner cette « entreprise » qu’est le couple. C’est une façon de se rendre utile, d’avoir une place dans la relation mais également c’est de montrer à l’autre que l’on souhaite le soutenir, que l’on prend soin de lui-même avec des taches moins valorisantes.
Nos différences d’appréciation peuvent froisser. C’est très dévalorisant et infantilisant dans une relation d’égalité. C’est dire à l’autre « tu n’es pas capable, tu ne sais pas faire ». Cela vous place dans la posture du contrôleur. Pour s’éviter ces inconforts, si la façon de faire de votre conjoint(e) ne vous convient pas, sortez de la pièce, répartissez-vous les taches ou prenez la responsabilité d’une pièce ou espace à entretenir.
Conclusion
Le couple a bien intérêt à faire équipe pour les petites et grandes corvées. Le partage des tâches entre hommes et femmes fonctionne de mieux en mieux, mais les hommes se limitent encore dans la fonction d’exécutants quand les femmes sont les chefs d’orchestre.
La plupart des taches peuvent être interchangeables, c’est intéressant car elles mettent à l’épreuve l’amour et la bienveillance : c’est celui qui est disponible que va faire l’effort…. Il est important que le conjoint(e) ne soit pas uniquement dans la position de celui qui « rend service » à l’autre. Le couple, c’est aussi être complémentaire et égaux.
Les couples ne réaliseront pas de miracles mais il faut à un moment échanger, se mettre d’accord, c’est très important pour que chacun s’y retrouve. C’est vers cela qu’il faut tendre, ce sont ces petites progressions et petites améliorations qui rendront la vie plus harmonieuse.