La place de l’homme aujourd’hui

La société, le couple a évolué, la place de l’homme également. Découvrez comment.

D’un schéma traditionnel, unilatéral, nous sommes dans un schéma plus complexe aujourd’hui avec notamment de grandes diversité selon l’environnement socio culturel. La place de l’homme est aujourd’hui multiple. Nous tendons vers la fin de l’homme virile, mythe venant de l’antiquité.

 

Comment définit-on la virilité ?

Le mot virilité est construit sur le terme latin Vire qui voulait dire héros. C’est l’idée de l’excellence humaine, l’idée d’une supériorité, d’une hiérarchie des sexes. On a souvent défini la virilité comme la puissance, la robustesse. On a un modèle normatif dont les canons était définit dans l’antiquité gréco-romaine sur des critères, des marqueurs de toute puissance financières, économiques, indexés sur la puissance sexuelle. La virilité c’est l’ensemble des attributs des caractères physiques, mentaux et sexuels de l’homme.  Ce culte de la virilité s’est constitué en une véritable idéologie c’est à dire toutes les disciplines, tous les arguments d’autorité, toutes les représentations symboliques ont été convoquées pour justifier la domination d’un sexe sur l’autre. Mais nous pouvons également faire l’hypothèse que la virilité ne se définit peut-être pas uniquement par l’exercice de la puissance mais nous pourrions dire par la terreur de l’impuissance. L’idée de la puissance est indexée sur la puissance sexuelle. L’homme a peur de la faillite, cette peur le pousse à des comportements dominants. Un homme confiant dans sa posture n’aura pas besoin de sur-affirmer sa masculinité dans des comportements et attitudes d’hyper virilité.

 

Quels sont les signes qui font que l’on identifie quelqu’un comme viril ou comme masculin ?

Devenir masculin se serait s’approprier les codes à la fois physiques et moraux qui sont attendus d’un homme dans la société dans laquelle il vit. Un ensemble d’apparence aussi bien physique, anatomique (avoir des poils, de la barbe, les cheveux coupés de telle ou telle façon) mais également des comportements moraux c’est à dire une attitude face à la peur, et des choses plus hybrides (une manière de sourire, de croiser les jambes, de s’habiller. Devenir viril ce serait autre chose. La virilité est un mythe, une construction culturelle, généralement incarné par des personnages masculins. Il y a l’idée qu’il faille fabriquer un homme et qu’un homme ça se fabrique par l’endurance, le mépris de la souffrance et de la douleur, ces garçons doivent faire l’apprentissage de la puissance et du refoulement de l’impuissance. La virilité n’est jamais acquise et elle est constamment menacée. Elle a beaucoup de mal à se réaliser, et à uniformiser toute la gente masculine. On peut faire la confusion et nous aurions tord d’identifier les deux concepts. Il y a un malaise masculin, une détresse morale chez l’homme occidentale. Mais il serait peut-être plus juste de parler de malaise plutôt que de « crise » de la virilité.  Utiliser le mot crise pourrait laisser penser qu’il y a un véritable danger, une peur de la dislocation du masculin, du viril. Les masculinistes expriment cette nostalgie de la puissance, d’une forme de domination d’un sexe sur l’autre. Ce sont les plus extrémistes, des militants qui considèrent que les droits des femmes sont une menace pour l’identité masculine. Certains prétendent que la société se féminise. Nous pouvons entendre « Il n’y a plus de vrais hommes », cela exclu évidemment ceux qui sont taxés d’être efféminés. Et nous pouvons voire une forme d’idéologie de la supériorité d’un certain type d’homme sur l’autre et devons être prudents. Cela peut être à l’origine de la xénophobie, du mépris de la classe, du racisme. Il y a des symptômes, qui mettent en avant ce malaise, le burnout, la dépression, le suicide, les conduites addictives, l’alcoolisme chez les jeunes, l’anxiété sexuelle, les angoisses de performances….

 

De quelle façon les hommes peuvent ils échapper aux clichés de la virilité, souvent sexistes, héros de la misogynie. Comme redéfinir aujourd’hui une condition masculines dégagée de ces clichés ?

La crise de la masculinité est un concept sociologique qualifiant l’ensemble de doutes, de questionnements, de remise en cause que l’homme dans notre société aurait à subir depuis entre autre la libération de la femme et la libération sexuelle. Les hommes doivent eux même apprendre à modifier l’image qu’ils ont d’eux même. Les femmes ne se masculinisent pas lorsqu’elles ont des postes de pouvoir, les hommes ne se féminisent pas lorsqu’ils se montrent doux, empathiques, sensibles, restent bien des hommes quand ils pouponnent et participent aux taches ménagères. Il se réapproprient le fait d’être un homme d’aujourd’hui. Les masculinités, quant à elle, sont plurielles il y a autant de façon d’être un homme qu’il y a d’individus masculins, et ce qui est un peu dommage c’est que l’on a emprisonné tous les hommes dans un seul modèle normatif, qui est le modèle de la virilité.

C’est à la fois discriminatoire pour les femmes (car c’est un modèle de supériorité, de la hiérarchie des sexes), mais aussi discriminatoire pour les hommes parce que tous les hommes qui ne possèdent pas ces marqueurs de la virilité (puissance physique, économique, sexuelle, maitrise de soi, maitrise des émotions, le goût de la compétition…) sont stigmatisés comme si ce n’était pas de Vrais Hommes. Le féminisme a beaucoup plus apporter aux aux hommes qu’il ne leur a enlevé. Les hommes aujourd’hui qui manifestent une parte de sensibilité, de fragilité, qui savent reconnaître leurs failles, c’est une réel avancé et non pas une perte. Mais le modèle de la virilité est complexe, il est sous la pression d’autres facteurs. La crise de la virilité est inhérente à l’évolution des sociétés. Il y a besoin que la masculinité se mette en mouvement pour se renouveler et s’adapter au monde d’aujourd’hui.

Depuis des décennies, la place du père notamment s’est favorablement modifiée dans le « nursing des enfants ». Dans les jeunes générations, une grande majorité des pères s’engagent dès la grossesse et dès la naissance, non sans rivalité parfois, dans les soins donnés à leurs enfants.

Mais ce n’est pas uniquement le féminisme qui a fait bouger la virilité. C’est la virilité qui est aussi tombée dans son propre piège par l’effondrement du mythe guerrier, la métamorphoses des conditions de travail, la précarisation du travail, le chômage. Tous ces facteurs ont également destitué l’homme dans son rôle de pourvoyeur de ressources. A partir de ce moment, l’homme c’est senti fragilisé, déstabilisé, ne se retrouvant pas dans les critères de la virilité.

 

Les femmes ont changé durant les siècles de la libération, désormais pour la plupart autonomes financières, elles se sont émancipées. Et cette émancipation leur a fait modifier leurs attentes et besoins dans leur vie personnelle et leur vie de couple. Pouvons nous dire que les hommes ont vécu une telle transformation identitaire dans ces dernières décennies ? ils ont probablement moins évolué dans leur positionnement et se trouvent confrontés a des attentes et des demandes bien différentes. Ils sont parfois bien démunis. Les femmes aujourd’hui savent assez bien définir ce qu’elles ne souhaitent plus, peut être leur est-il plus difficile, pour une partie d’entre elles, d’exprimer ce qu’elles souhaitent et attentes de leur compagnon de vie.

En cabinet, nous rencontrons des hommes un peu perdus qui tentent de s’accrocher à un modèle ou qui cherchent un nouveau modèle :

  • L’homme qui a été élevé dans un univers très féministe, qui a un réel respect de la femme, tel parfois qu’il n’ose exprimer ses envies et désirs, de peur d’être perçu comme le macho, le dominant. La femme en devient inaccessible, il n’arrive à trouver la juste place au sein du couple.
  • L’homme qui reste accroché au mythe de la virilité, avec ces codes, un mode de fonctionnement et des représentations des rôles et place de chacun très figés. Lui, également a du mal à trouver la juste place dans le couple
  • L’homme sensible, qui ne se trouve pas à la hauteur de sa compagne, qui elle parfois prend toute la place et prend le dessus tans les secteurs de vie et parfois dans la vie intime. Lui, aura une telle peur de la décevoir qu’il aura tout autant de difficulté à trouver sa place.

 

Certains hommes sont parfois déstabilisés dans leur identité masculine et leur sexualité. Ils ont parfois le sentiment « de ne plus être utile » dans la vie de leur compagne. Certaine d’entre elles, par expérience douloureuses, par peur de la dépendance, par revendication féministe, ne s’autorisent pas à solliciter un soutien, un conseil, un avis, une aide. La peur de l’emprise restant encore très présente. Les femmes font parfois trop toute seule et il est difficile pour les hommes de trouver leur place. La crainte de ne pas avoir la bonne posture, la bonne place, les fragilisent parfois dans leur confiance en eux. Les hommes aujourd’hui sont amenés à investira un univers émotionnel qui n’était pas le leur. C’est toute la difficulté des couples. Les hommes ne savent plus très bien ce que les femmes désirent. Certains exprime parfois la difficulté qu’ils ont de comprendre les attentes de leurs compagnes parfois Un romantique ou un RAMBO, les deux à la fois, ? ni l’un ni l’autre ?

 

Comment réinventer la condition masculine et la dégager de cette injonction de virilité ?

Cela va être un long travail.

Françoise HERITIER, anthropologue, disait que l’on voyait dès la naissance quelque chose se faire, simplement dans le système de l’alimentation des enfants. Dans la plupart des civilisations, on nourrit le petit garçon dès qu’il pleure, immédiatement dès qu’il réclame et la petite fille on lui apprend la patience, on la fait attendre. On dit du petit garçon qu’il a le corps qui rougi, qu’il est impatient, il faut lui donner satisfaction tout de suie. On induit dès la naissance par un comportement alimentaire particulier, l’idée que la pulsion, le désir doit être satisfait tout de suite chez l’homme et qu’il est mis en attente chez la femme, ou on lui inculque la patience. On fabrique un devenir masculin comme on fabrique un devenir féminin par un système très simple.

La virilité prive les hommes de la culture des sentiments et les parents doivent être vigilants. Nous devons garder à l’esprit qu’il est important d’élever à nos enfants, nos garçons dans le fait de dire « oui tu peux pleurer, oui c’est important de marquer ta fragilité », et que de pouvoir l’exprimer ce peut être même une grande force.

Réinventer la condition masculine peut déjà commencer par l éducation au sein des familles d’une part, au sein de la société d’autre part, loin des clichés mais pas dans la caricature inverse. C’est pouvoir dire à un garçon que lorsqu’il s’intéresse à un sujet considéré comme féminin, il ne se féminise pas.

Il faut pouvoir désexué les activités para scolaires par exemple, comme la société à déjà désexuer les compétences intellectuelles, les performances scolaires. Il faut aller plus loin, car les clichés ont la vie dure et les clichés oppriment autant les garçons que les filles. Il faut les combattre tôt.

Les représentations artistiques, la culture peuvent aider à faire bouger les choses. Les représentations des masculins ont fortement évolué notamment au cinéma et opposent par exemple des cow boys représentant l’homme viril à hommes ayant des rôles d’hommes sensibles, créatifs, père de famille.

 

Conclusion

Le féminisme a remis en question le féminin et par voie de conséquence la place de l’homme dans notre société. Nous assistons à un déplacement probable des frontières du masculin et du féminin. La modification du féminin à modifier la construction du masculin. Certaines des valeurs comme la force, l’agressivité, le goût du risque, ne sont plus suffisantes. L’homme d’aujourd’hui doit faire face à des défis plus important, être forts et rassurance, exprimer leurs émotions et sentiments et être toujours ces protecteurs.

L’émancipation des femmes a apporté également aux hommes. Ces luttes pour l’égalité ont aussi permis aux hommes d’exprimer leur sensibilité, leurs doutes, leur a permis de s’adapter et vivre une parentalité plus riche. L’homme contemporain se défit du virilisme, qu’il comprend comme une exacerbation des attitudes, des représentations, des comportements et pratique virile et dominatrices. Il doit apprendre à faire l’inventaire afin de déterminer ce qu’il faut conserver et ce qui doit être repoussé.

Toutes les mutations opérées par les hommes, expression de la sensibilité, de l’émotion, réinvention de la paternité, investissement de la sphère privé sont une chance pour un meilleur équilibre des relations entres les hommes et les femmes. Le vrai débat serait celui de la complémentarité.